La quête d’approbation, ce fléau

La quête d’approbation, ce fléau

Cette semaine, ça m’a sauté aux yeux. Il fallait que je me rende à l’évidence tant niée : j’étais une attention whore. Une véritable camée de l’attention et de l’approbation extérieure.

Ça avait commencé de manière pernicieuse, insidieuse, à l’enfance : à la manière de chaque enfant, je quêtais la validation de mes parents, de ma maîtresse, de mes grands-parents, puis des parents des copains et copines, chez qui je m’évertuais toujours à être l’incarnation de la petite fille bien élevée, qui s’exprime en bon français, toute en retenue et politesse.

Je pense avoir perçu que c’était ce que l’on attendait de moi. Que cela me valait des regards admiratifs et satisfaits, des sourires d’aisance face à cette petite fille qui rentrait dans le rang, qui tenait sa place d’enfant modèle, discrète et respectueuse.

J’ai compris assez tôt que je n’étais pas comme le groupe, et qu’il fallait se fondre dans la masse pour être accepté.e. Alors je me suis pliée à cet exercice social, qu’on pratique tous, finalement, normo-pensants comme atypiques.

J’ai mis le doigt sur ce malaise quand je me suis fait couper les cheveux.

Pendant mon burn-out, j’ai littéralement laissé s’envoler une trentaine de centimètres de cheveux, passant d’une longue chevelure à un carré court.

Carré court qui me repropulsait d’ailleurs à la petite fille que j’étais, à 6-8 ans.

J’avais l’impression de devoir renouer avec elle. Qu’à l’époque, j’avais bien plus été moi que dans les années qui suivirent. Peut-être étais-je plus ingénue et authentique alors, va savoir.

Or donc, plus je me coupais les cheveux, et plus les compliments étaient élogieux.

Et c’est là que ce sentiment de malaise s’amplifia : j’avais la sensation de vivre dans l’approbation d’autrui. Autrui validait ma coupe de cheveux et me complimentait, tout allait bien, j’avais donc fait le bon choix.

C’est là qu’entre en jeu mon légendaire esprit de contradiction et de remise en question : avais-je besoin de cette validation du monde extérieur ?

N’étais-je donc qu’apparence ? Quid de toutes mes convictions, prises de position, idées, réflexions, émotions et ressentis, si à la fin, j’étais réduite à une coupe de cheveux réussie ?

Alors là j’ai coupé. Court. Et je l’ai mal vécu. Non pas parce que les compliments ne pleuvaient plus, mais parce que je ne me reconnaissais plus, me trouvais moins jolie.

Mais après tout, n’était-ce pas le but de l’opération ? Me retrouver nue, dépouillée de tout artifice, pour enfin pouvoir creuser dans les profondeurs de mon vrai moi.



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